dimanche 24 janvier 2010

Sur le Short Interest Ratio

Bonjour à tous,

Après vous avoir parlé dans un premier post de l’importance des actifs et de leur croissance sur les performances futures d’une entreprise ; j’enchaîne cette semaine avec un autre indicateur peu utilisé : le short-interest ratio ou SIR.

Petite mise à jour : Qu’est ce que le short-selling et le short-interest ratio ?

Le short-selling, c’est tout simplement de la vente à découvert d’actions. Concrètement, quand un investisseur A pense qu’une société est surrévaluée, il peut shorter les actions de cette entreprise, c'est-à-dire emprunter des actions à un investisseur B pour les vendre. A va payer en échange des intérêts à B pendant la durée d’emprunt des actions, tout comme pour un emprunt bancaire classique.

Plus tard, A devra racheter l’action pour la rendre à B. Si entre temps le prix de l’action à diminué, A encaisse la différence entre son prix de vente et son prix d’achat, diminué des intérêts. Si le prix a augmenté, A devra quand même rembourser B et perdra la différence entre le prix de vente et le prix de rachat.

Evidemment, tous les brokers fournissent les services de short, c’est une transaction aussi facile à effectuer qu’un achat classique et dont la commission est à peu près similaire.
Aux USA toutes les actions sont shortables à ma connaissance.

En France, nous avons deux systèmes distincts qui permettent d’obtenir un résultat comparable au short. D’une part l’équivalent du short est la vente à découvert, qui fonctionne pareillement au système américain. D’autre part nous avons le Service des Règlement Différés, SRD. Le SRD permet de payer en différé (en général le règlement se fait au plus tard le 5ème jour de bourse avant la fin du mois calendaire) des produits financiers. Il permet aussi de bénéficier d’un effet de levier de 2,55x sur les actions. Le SRD n’est disponible que pour les big caps (>1Mds€) soit 137 valeurs en ce moment sur la bourse de Paris.

Le short-interest ratio est surtout valable pour les sociétés US, je ne connais pas d’indice similaire pour les valeurs européennes. En fait il mesure simplement le pourcentage d’actions shortées par rapport au total des actions en circulation d’une société.

Si par exemple General Electric a un SIR de 0,7 au 31/12/2009. C'est-à-dire que 0,7% de ses actions ont été shortées. C’est un ratio faible.

Les statistiques du SIR par entreprises sont fournies gratuitement sur le site du Wall Street Journal dans l’onglet Market Data – US stocks et sont actualisées toutes les deux semaines.

A quoi sert le SIR ?

Tout simplement à savoir ce que le marché pense d’une société. Un SIR élevé traduit l’inquiétude du marché sur une société. Un SIR faible traduit une confiance dans cette société.

Evidemment le SIR ne nous dit pas d’où vient cette inquiétude/ confiance. Elle peut venir du prix auquel se vend la société, de ses fondamentaux, de risques exogènes. C’est à nous de le découvrir pour comprendre si ce risque est réel ou surestimé par le marché.

Cependant le SIR est un bon moyen de repérer des sociétés en difficultés, donc à éviter. Du moins c’est la seule utilité qu’on lui prêtait jusqu’à maintenant, appuyée par des études universitaires en grand nombre.

Cependant en juin 2009 a été publiée une nouvelle étude sur le SIR. Cette étude s’intitule The good news in short interest et est disponible gratuitement.

Cette étude est la première à inverser le problème et à ne plus considérer le SIR comme un outil de détection des entreprises en difficultés mais comme un détecteur d’entreprise à fort potentiel.
Les auteurs de l’étude ont décidé à partir de base de données financières d’étudier les performances qu’aurait obtenues un investisseur sur le NYSE et le NASDAQ ayant chaque mois constitué un portefeuille avec les titres dont le SIR est compris entre 0 et 1.

Les résultats sont impressionnants. Les titres dont le SIR est compris entre 0 et 1%, ont fourni entre 1988 et 2005 une performance mensuelle moyenne de 2,1% par mois soit en rythme annuel plus de 28% !

Les auteurs ont également noté que l’«effet SIR» était plus puissant pour les titres valeur, c'est-à-dire les titres dont le ratio Price-to-Book est parmi les 20% les plus faibles du marché.

La preuve en image. Ci-dessous, deux graphiques. Le premier représente en rouge le rendement obtenus par un portefeuille de titres au P/B<0,7














Maintenant regardez la performance d’un portefeuille de titres avec un P/B<0,7 et un SIR<1%














L’effet est similaire avec le PER.
Le SIR selon l’étude The good news in short interest produit des rendements anormalement élevés sur un court laps de temps (6 mois). Ceci dit la simplicité d'utilisation du SIR en fait un outil de détection très intéressant en phase de recherche préliminaire. Personnellement je m’en sert souvent pour repérer les titres qui méritent une analyse approfondie.

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